« L'antique Mère Lyonnaise »
« Patronne des guinguettes »
« La grand-mère Lyonnaise »
En 1759, la Mère Guy a ouvert une guinguette sur le quai de Saône. Sa spécialité est la matelote d'anguilles. Il sera repris vers 1860 par ses 2 petites filles nommées La Génie et Madame Maréchal. Les sœurs dirigent un véritable restaurant.
« Haute en couleur et la langue bien pendue, La Génie reçoit toute la bonne société ».
L'histoire de cette Mère Lyonnaise débute donc au milieu du XVIIIe siècle quand une dame Guy créa à cet endroit une guinguette sur les bords du Rhône.
Les guinguettes se trouvent toujours le long d'un cours d'eau où se pratiquait le canotage. Ce n'est que vers la fin du XVIIIe siècle que les guinguettes commencèrent à vraiment se distinguer des simples débits de boisson, en proposant à leur activité de petits bals relativement bon marché.
Chez La Mère Guy tous les peintres de l'école Lyonnaise, et les artistes de passage, fréquentent cette institution. On y mange, on y danse et l'on fait du canotage. Le bal musette est une des signatures à l'origine de cet établissement à la grande renommée. On vient y prendre le frais l'été les dimanches en famille. La bourgeoisie y vient également en semaine en galante compagnie. Les maîtresses et courtisanes ont pignon sur rue. Un petit coin tranquille à l'écart de la grande ville de Lyon reste propice aux amourettes et aux romantiques.
C'est la Saône qui coule aujourd'hui devant l'emplacement de La Mère Guy. Une telle mutation fluviale s'expliquant par le fait qu'à l'époque l'ingénieur Perrache n'avait pas encore commencé les travaux gigantesques qui devaient repousser le fameux confluent du quartier d'Ainey jusqu'à la Mulatière.
« Située près du confluent du Rhône et de la Saône, 35 quai Jean-Jacques Rousseau à La Mulatière, l'enseigne de "La Mère Guy" est la plus vénérable de l'agglomération lyonnaise, car c'est la seule qui subsistait des premiers restaurants du XVIIIe siècle ! Du vivant de Paul Bocuse »
En ces années bucoliques le "chemin des Etroits", ou se tenait la Guinguette de La Mère Guy, était si propice aux rêveries des promeneurs romantiques que le célèbre écrivain Français du siècle des lumières, Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) précurseur du romantisme, y coucha à la belle étoile, comme on peut le lire dans ses « Confessions » et fut l'une des premières personnalités à côtoyer La Mère Guy. Cette dernière s'approvisionnée en poissons par son mari, pêcheur professionnel. La patronne construisit sa réputation sur de sensationnelles matelotes, avant de s'éteindre en 1801".
Pendant plus de deux siècles bien des célébrités de l'époque comme Edouard Herriot (1872-1957) président de l'assemblée nationale, ministre … comme tous les maires de Lyon, artistes, écrivains, politiques et célébrité du show-biz furent, aux cours des siècles, des habitués de La Mère Guy. La belle réputation et la transmission du savoir gustatif du restaurant date de 1870 grâce aux petites filles de notre protagoniste. En effet La Génie et sa sœur, Mme Maréchal assumèrent alors l'héritage de leur grand-mère lyonnaise pour la transmettre par la suite à de grands chefs du monde de l'hôtellerie et de la restauration Française.
Vinrent donc par la suite pour prendre le relais de grands noms masculins de la gastronomie lyonnaise : Durand, Chargueraud … Les propriétaires se succèderont et le restaurant aussi appelé Le Pavillon Belles Rives est racheté par les frères Foillard. La consécration arrive en 1936 avec les 3 étoiles au Guide Michelin. Chez La Mère Guy Jean Foillard dirige la salle et Philippe la cuisine. Ils proposent le gratin d'écrevisses, l'anguille Lison, la mousse d'écrevisses Bleuette, la truite au bleu, la langouste Newbourg, les fraises Romanov, les pêches Belles Rives et le soufflé glacé. Sur commande la célèbre spécialité maison depuis près de deux siècles « La matelote d'anguille » est toujours préparée. Le restaurant de La Mère Guy conservera ses 3 macarons au Guide Michelin pendant 4 années de 1936 à 1939. Plus tard, Roger Roucou (1921-2012) apprenti des deux frères pendant la guerre, repris le flambeau et les fourneaux en 1942. Il reprendra le restaurant est gardera la renommée de La Mère Guy avec 2 macarons au Guide Michelin. Il sera de nombreuses années président des Toques Blanches Lyonnaises en étroite collaboration avec Paul Bocuse (1926-2018).
L'établissement fut détruit à la fin du XXe siècle. Mais la légende de La Mère Guy, l'une des premières Mères Lyonnaises mythiques, persiste. L'aura qui émane de cette cuisinière exceptionnelle continue de promouvoir la gastronomie Lyonnaise. Bien des grands chefs et des Mères lyonnaises lui doivent beaucoup. Paul Bocuse qui a fréquenté régulièrement cet établissement légendaire, a souhaité, dans les halls de Lyon, consacrer une allée qui porte le nom de La Mère Guy pour que sa gloire immatérielle continue de rayonner sur la cuisine lyonnaise.
Bernard de Reyvialles
Contact : mereslyonnaises@gmail.com
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